BOURSES SCIENTIFIQUES

Des chercheurs de l’Université de Liège reçoivent près d’1 million d’euros pour leurs recherches sur Alzheimer



En Belgique, une personne sur cinq, et jusqu’à une femme sur trois développera une forme de démence. Parmi les différentes manifestations de la démence, sept sur dix concernent la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, en raison du vieillissement croissant de la population, deux millions de Belges seront directement ou indirectement touchés à l’avenir par la démence, faisant de la maladie un véritable défi sociétal. Or, il n’existe toujours aucun médicament ou traitement capable de guérir cette maladie.

Des recherches d’une importance cruciale

« L’Université de Liège joue un rôle international de premier plan dans la compréhension de la maladie d’Alzheimer. Nous sommes donc ravis de pouvoir accorder à trois groupes de chercheurs de l’ULiège des subventions pour leurs recherches, qui ont été particulièrement bien évaluées par notre comité composé de nombreux professeurs belges et étrangers lors du processus de sélection », explique Joost Martens, directeur de la Fondation Recherche Alzheimer.

Le sommeil comme élément de prévention

Gilles Vandewalle, Maître de recherches FNRS au GIGA CRC In vivo Imaging, reçoit une subvention de 300.000€ pour son projet « SLEEP-CONNECTION » visant à étudier la connectivité cérébrale pendant le sommeil dans la neuropathologie préclinique de la maladie d'Alzheimer. Le projet a pour objectif de montrer si en améliorant la qualité du sommeil, on peut avoir un effet bénéfique sur le retard des symptômes de la maladie d’Alzheimer, voire même de la prévenir. 

L’activité locomotrice comme outil de diagnostic précoce

Le groupe de Christina Schmidt, Chercheuse qualifiée FNRS, et Grégory Hammad, chercheur, au GIGA CRC In vivo Imaging s’est également vu attribuer une bourse de 300.000€ pour des recherches visant à mieux connaître les liens entre la dérégulation de l’activité locomotrice et les modifications cérébrales de la maladie d’Alzheimer, ce qui pourrait déboucher sur un outil de diagnostic précoce et de monitoring de la maladie.

Un nouveau modèle humain pour l’étude de la maladie d’Alzheimer

Ira Espuny Camacho, Professeure associée au GIGA Stem Cells, reçoit une subvention de 300.000€ pour son étude « A human brain organoid model to study the role of microglia in Sporadic Alzheimer’s disease », ainsi que le prix du jeune chercheur – Young Research Award (50.000€). Son projet vise à mieux comprendre le rôle des cellules microgliales du cerveau humain dans les premières étapes menant à la maladie d’Alzheimer sporadique. L’objectif est également de découvrir de nouvelles stratégies de combat contre la maladie grâce à un modèle organoïde multicellulaire (une version miniaturisée mimant la structure de l’organe) de cerveau humain.
 
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En quelques mots,  quel est l’objet de votre recherche ?

 
Gilles Vandewalle : « Le projet SLEEP-CONNECTION vise à étudier le lien entre le sommeil et la maladie d'Alzheimer (MA). La qualité du sommeil se dégrade au cours du vieillissement et le degré de dégradation du sommeil est lié au risque de développer la MA, faisant du sommeil une nouvelle cible d'intervention prometteuse pour prévenir ou retarder la MA. Une compréhension complète des mécanismes en jeu est toutefois nécessaire avant de concevoir une intervention efficace. L'objectif principal de SLEEP-CONNECTION est d'identifier comment l'activité des réseaux cérébraux pendant le sommeil peut contribuer à la neuropathologie précoce de la MA. Pour atteindre cet objectif, le projet ambitieux profitera de la haute résolution de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle 7 Tesla (IRMf 7T) disponible à l'ULiège. L'activité cérébrale de 130 adultes en bonne santé âgés de 20 à 70 ans sera enregistrée à l’éveil et pendant le sommeil et mise en lien avec leur risque génétique de développer la MA. Le projet permettra d'acquérir des connaissances fondamentales sur le rôle du sommeil dans les altérations cérébrales précoces liées à la MA et sur les dysfonctionnements cérébraux pendant le sommeil qui peuvent façonner les trajectoires de la MA au cours de la vie. »
  
Christina Schmidt et Grégory Hammad : « Il est fascinant de voir à quel point certains processus physiologiques, apparemment simples et réguliers tels que le rythme cardiaque ou respiratoire, ou bien la marche, possèdent en réalité une régulation complexe, qui s’effectue à différentes échelles de temps. Dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, cette régulation, dite “fractale”, de l’activité locomotrice est altérée et cela, parfois, quelques années avant les premiers symptômes cliniques de la maladie. Toutefois, le mécanisme de dérégulation ainsi que son lien avec l’intégrité cérébrale sous-jacente restent mal connus. L’objectif de notre projet est donc de quantifier les caractéristiques de la régulation fractale de l’activité locomotrice et de les relier aux modifications structurelles et fonctionnelles du cerveau intervenant dans la maladie d’Alzheimer. À plus long terme, nous espérons ainsi contribuer à établir la mesure de la régulation de ce signal physiologique comme outil de diagnostic précoce et de monitoring de la maladie d’Alzheimer. Ce projet repose sur nos expertises respectives, les neurosciences humaines et la physique. C’est pourquoi la collaboration que nous entretenons depuis quelques années déjà a été primordiale dans l’élaboration de ce projet et sera garante, nous l’espérons, de son succès. »
 
Ira Espuny Camacho : « La grande majorité des patients atteints de la maladie d'Alzheimer ont des formes sporadiques de la maladie qui ne portent pas de mutations dans les gènes PSEN ou APP, qui sont à l'origine des formes génétiques familiales de la maladie. Par ailleurs, les études d'association pangénomique (GWAS) ont révélé le rôle de plusieurs gènes conférant un risque plus élevé de MA lorsqu'ils sont porteurs de mutations ou de variations génétiques spécifiques. Il est intéressant de noter que l'expression de la plupart de ces gènes est fortement enrichie dans les cellules de la microglie du cerveau, soulignant une contribution importante de ces cellules à la pathologie. Ce projet vise à élucider le rôle des cellules immunitaires du cerveau, les cellules de la microglie, dans les premières étapes menant à la neurodégénérescence dans le cerveau de la maladie d'Alzheimer. Dans le cadre de ce projet, nous étudierons les gènes dont l'expression est altérée dans les cellules de la microglie humaine dérivées de patients atteints de la maladie d'Alzheimer sporadique ou à la suite d'une exposition à des espèces de bêta-amyloïdes, afin d'identifier les gènes/voies importants affectés précocement dans le cerveau de la MA sporadique. En outre, les gènes candidats seront validés par des approches de gain et de perte de fonction afin de comprendre la contribution de ces voies moléculaires aux mécanismes déclenchés dans la MA. Pour atteindre nos objectifs, mon équipe génère des microglies dérivées de cellules souches pluripotentes humaines et des organoïdes de cerveau humain qui sont mis en co-culture pour développer un nouveau modèle organoïde multicellulaire de "mini-cerveau". Le but est de comprendre la contribution de tous les types de cellules du cerveau, et plus particulièrement des cellules de la microglie, dans les premières étapes menant à la pathologie dans le cerveau de la MA. »

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