Une publication dans Communication Biology

Une meilleure régulation de la phase d’éveil chez les personnes âgées peut améliorer la cognition et peut-être retarder l’apparition de maladies dégénératives



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Photo : Matthew Bennett - Unsplash

Une étude menée par des chercheurs du GIGA démontre que la régulation du cycle sommeil/veille chez les personnes âgées peut contribuer à un vieillissement cognitif « réussi » et pourrait donc peut-être retarder l’apparition de maladies dégénératives telles qu’Alzheimer. Cette étude vient de faire l’objet d’une publication dans le journal Communications Biology.

L

e vieillissement s’accompagne de modifications de la régulation du cycle veille-sommeil, ce qui contribue au déclin cognitif. Ces modifications de cycles des phases de sommeil et d’éveil sont souvent associées aux biomarqueurs cérébraux de la maladie d’Alzheimer, à savoir un atrophie corticale couplée à une accumulation anormale de protéines amyloïde-bêta et tau dans le cerveau. L’implication systématique de ces altérations structurelles du cerveau dans la relation entre la régulation veille-sommeil et la cognition demeure toutefois incertaine. Une équipe de recherche, menée par Maxime Van Egroo, doctorant frs-FNRS au centre de recherche du GIGA, ont cherché à déterminer si la régulation de la fonction corticale pourrait représenter un facteur positif pour l'aptitude cognitive au cours du vieillissement. En d’autres termes, si le fait que le cerveau conserve sa capacité à se réguler normalement pendant l’éveil pourrait être associé à des amélioration de certains mécanismes du vieillissement cérébral pouvant, eux-mêmes, amener à la démence.  

Pour tester leur théorie, l’équipe a rassemblé un échantillon de 60 personnes âgées de 50 à 69 ans (dont 42 femmes) en bonne santé afin de leur faire subir une batterie de tests en vue d’évaluer l’intégrité structurale de leur cerveau. « Nous avons voulu caractériser les dynamiques de réactivité corticale durant un éveil prolongé en tant que marqueur de la régulation veille-sommeil, explique Maxime Van Egroo, et de mettre en lien ces dynamiques avec les performances cognitives des individus tout en prenant en compte l’effet potentiel des marqueurs d’intégrité structurelle cérébrale.»  L’équipe a mesuré les performances de l’échantillon en ayant recourt à une série de tests neuropsychologiques (mémoire, attention, fonctions exécutives) administrées en dehors des moments d’extension de l’éveil. Les chercheurs ont également pu quantifier les altérations structurelles du cerveau grâce à l’imagerie par résonance magnétique et à la tomographie par émission de positons, afin d’évaluer la présence d’atrophie corticale et d’accumulation de protéines liées à la maladie d’Alzheimer.

Les résultats obtenus montrent que, parmi l’échantillon d’individus âgés, certaines personnes démontrent un profil de régulation de la fonction corticale « semblable aux jeunes », c’est-à-dire similaire à ce qui a été observé chez des sujets jeunes au cours d’études précédentes. « En outre, une telle préservation de la dynamique de réactivité neuronale en fonction du temps passé éveillé est associée à de meilleures performances cognitives, et plus spécifiquement en ce qui concerne les fonctions exécutives, aptitudes centrales dans le vieillissement cognitif, reprend Maxime Van Egroo. De manière critique, nos analyses démontrent par ailleurs que cette relation apparaît indépendante des modifications structurelles du cerveau liées à l’âge et qui peuvent potentiellement conduire à une démence. »

La préservation de la dynamique des fonctions cérébrales de base pendant l'éveil pourrait donc être essentielle à l'aptitude cognitive au cours du vieillissement, indépendamment des modifications structurelles du cerveau liées à l'âge qui peuvent finalement mener à la démence. Ces résultats contribuent à la découverte de nouvelles pistes dans l’effort incessant visant à ralentir la prévalence de la démence chez les individus âgés.

Référence scientifique

Van Egroo, M., Narbutas, J., Chylinski, D. et al. 2019. Preserved wake-dependent cortical excitability dynamics predict cognitive fitness beyond age-related brain alterations. Commun. Biol. 2, 449. doi:10.1038/s42003-019-0693-y

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Maxime VAN EGROO

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