GIGA-Neurosciences

Nouvel espoir pour le traitement de la douleur et de la dépression



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Une équipe du GIGA-Neurosciences a collaboré avec des chercheurs du LIH (Luxembourg Institute of Health)  dans une recherche qui pourrait permettre de développer une nouvelle stratégie thérapeutique de la douleur.  

L

e Dr Andy Chevigné, chef du groupe de recherche « Immuno-Pharmacology and Interactomics » au « Department of Infection and Immunity » du « Luxembourg Institute of Health » (LIH), en collaboration avec son équipe, a développé une molécule qui améliore les propriétés antidouleur et antidépressives des molécules naturellement produites dans le cerveau, connu sous le nom de «peptides opioïdes». Ceux-ci jouent un rôle clé dans la médiation de la douleur et des émotions, telles que l'euphorie, l'anxiété, le stress et la dépression. La molécule révolutionnaire développée par les chercheurs luxembourgeois - baptisée LIH383 - pourrait conduire au développement d'une nouvelle classe de médicaments pour la douleur aiguë et chronique. Ces résultats ont été publiés le 19 juin dans la prestigieuse revue internationale « Nature Communications ».  

L’équipe de Vincent Seutin (GIGA-Neurosciences, Laboratoire de Neurophysiologie), grâce à son expertise en électrophysiologie et dans la technique de maintien en survie de neurones extraits de cerveaux de rongeurs (« brain slices »), a contribué au travail : elle a testé l’hypothèse d’Andy Chevigné et de son équipe sur des neurones du cerveau de rat. Ces expériences ont montré que la capacité du LIH383 à augmenter la disponibilité des opioïdes endogènes pour leurs récepteurs se vérifie bien dans un noyau noradrénergique du cerveau appelé le locus coeruleus.

Les peptides opioïdes sont des neuromodulateurs qui influencent une variété de processus biologiques, tels que la motivation, l'euphorie et les réponses au stress et à la douleur. Ils exercent leurs fonctions analgésiques et antidépressives naturelles en interagissant avec quatre récepteurs spécifiques (des « interrupteurs moléculaires ») situés sur la surface des cellules cérébrales. Les médicaments opioïdes synthétiques couramment utilisés pour traiter la douleur aigue — y compris la morphine, l'oxycodone et le fentanyl — agissent en ciblant et en activant certains de ces récepteurs. Malgré leur efficacité, ces analgésiques sont fréquemment associés à plusieurs effets secondaires, tels que la dépendance et les troubles respiratoires. Il y a donc un véritable besoin de découvrir de nouveaux médicaments antidouleur avec des mécanismes d'action différents entraînant de plus faibles risques de complications, en particulier compte tenu de la crise de santé publique actuelle, connue sous le nom de « crise des opioïdes », liée à l’abus et à la dépendance croissante aux opioïdes synthétiques.

Dans ce contexte, l'équipe de recherche du LIH, dirigée par le Dr Chevigné, a développé une nouvelle molécule — appelée LIH383 — qui entraine une augmentation de la disponibilité et de l'utilisation des opioïdes naturellement sécrétés par le cerveau. Ces résultats ouvrent des options alternatives pour le traitement de la douleur chronique, du stress, de l'anxiété et de la dépression, mais aussi pour le traitement du cancer. En effet, les scientifiques pensent que cette molécule pourrait également aider à ralentir la croissance tumorale et le développement de métastases dans le cancer du cerveau, ce qui conduirait à un meilleur pronostic pour les patients.

«Nous nous attendons à ce que LIH383 agisse comme précurseur pour le développement d'une nouvelle classe de médicaments contre la douleur et la dépression, offrant ainsi une stratégie thérapeutique innovante et originale pour faire face à la crise des opioïdes», soulignent les deux premiers co-auteurs de cette étude Max Meyrath et le Dr Martyna Szpakowska.     

«Cette découverte est un exemple flagrant de la façon dont la recherche fondamentale peut être traduite en applications concrètes avec des bénéfices tangibles pour les patients, engendrant de meilleurs résultats cliniques », déclare le professeur Markus Ollert, directeur du « Department of Infection and Immunity» du LIH et l’un des co-auteurs de la publication. «Le succès de notre étude a été rendu possible grâce au soutien généreux et indéfectible du Fonds National de la Recherche (FNR), du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, ainsi que de l'initiative caritative Télévie », conclut-il.     

Financements et équipes de recherche impliquées

Cette étude a été financée par des subventions du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR), du Fonds National de Recherche (FNR) et du Fonds de la Recherche Scientifique – FNRS - Télévie. M. Meyrath et M. Merz sont doctorants soutenus par le FNR. M. Ollert a été soutenu par le FNR et il est également le coordinateur du programme de doctorat « NEXTIMMUNE », financé par le FNR.  J. Ohnmacht et R. Krüger ont été soutenus par le FNR (MaMaSyn et PEARL) et par la Fondation du Pélican. T. Benkel et E. Kostenis ont été financés par la Fondation allemande pour la recherche (Deutsche Forschungsgemeinschaft - DFG).

L'étude a été réalisée en étroite collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux et a impliqué le « Department of Infection and Immunity » du LIH, la « Transversal Translational Medicine » du LIH, le Luxembourg Center for Systems Biomedicine (LCSB) de l'Université du Luxembourg, le Département des sciences de la vie et de la médecine de l'Université du Luxembourg, la Section de Biologie Moléculaire, Cellulaire et Pharmacobiologique de l'Institut de Biologie Pharmaceutique de l'Université de Bonn (Allemagne), Vincent Seutin et Laurent Massotte, Laboratoire de Neurophysiologie, GIGA-Neurosciences, ULiège (Belgique), le Groupe de Formation à la Recherche de l'Université de Bonn (Allemagne) et le Département de dermatologie et d'allergie du Centre de recherche pour l'anaphylaxie d’Odense (ORCA) de l'Université du sud du Danemark (Danemark).

 

Contact LIH

Dr Andy Chevigné

Andy.Chevigne@lih.lu

 

Contact pour le laboratoire de Neurophysiologie (GIGA-Neurosciences)

Pr Vincent Seutin

v.seutin@uliege.be

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