GIGA-Consciousness

Île de la conscience ou île de la complexité corticale ?



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La lettre du Coma Science Group : Île de la conscience ou île de la complexité corticale ?

Bayne et ses collaborateurs (2020 - https://www.cell.com/trends/neurosciences/fulltext/S0166-2236(19)30216-4#section-e587233e-22aa-4221-8ae1-22df489d46f7) envisagent la possibilité fascinante que des hémisphères déconnectés (par hémisphérotomie), des cerveaux ex cranio et des organoïdes cérébraux puissent être des "îles de conscience" (IOA). Ils définissent les IOA comme des systèmes totalement déconnectés de l'environnement extérieur, à la fois en termes d'entrée (c'est-à-dire d'informations sensorielles) et de sortie (c'est-à-dire de réponses motrices), mais capables d'une expérience consciente. Afin de tester si ces îles sont effectivement conscientes, les auteurs proposent d'utiliser des mesures de l'entropie et de la complexité dynamique.

Si les auteurs du Coma Science Group (GIGA-Consciousness) acceptent que la conscience, désormais généralement définie dans la littérature comme une expérience subjective, puisse être évaluée dans des systèmes isolés par la simple application d'une certaine mesure de complexité corticale (comme le proposent les auteurs - Bayne and al.), la conscience est réduite à une construction unidimensionnelle, et graduée le long de cette dimension unique. Mais la conscience semble résister aux conceptualisations unidimensionnelles, et semble plutôt articulée sur plusieurs dimensions : par exemple, la perspectivité (perspective subjective à la première personne), la présentationalité (être dans le présent, l'expérience de la "nowness") et la transparence (indisponibilité attentionnelle des étapes de traitement antérieures).

De plus, même si nous réduisons la conscience à une construction unidimensionnelle, nous devons définir un certain "seuil de conscience". Si nous considérons le Perturbational Complexity Index (une mesure de la complexité dynamique), son seuil de conscience a été estimé sur la base de signes comportementaux de conscience ou de rapports subjectifs. Mais dans le cas de l'île de conscience, un contre-contrôle (c'est-à-dire un rapport ou un comportement subjectif) fait défaut par définition. Les auteurs ont conclu que "pour la première fois, nous pourrions être en mesure de dire qu'il y a quelque chose qui ressemble à un cerveau déconnecté sans être capable de dire exactement ce que c'est". Ou bien, aurions-nous plutôt atteint le défi ultime de la science de la conscience, c'est-à-dire rendre compte de la phénoménologie à la première personne dans une perspective à la troisième personne? La réponse à cette question est cruciale d'un point de vue biologique et éthique.

Coma Science Group letter : https://www.cell.com/trends/neurosciences/fulltext/S0166-2236(20)30126-0       
Auteurs : Benedetta Cecconi (GIGA-Doctoral School for Health Sciences), Steven Laureys et Jitka Annen - Coma Science Group - GIGA-Consciousness

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