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Le sputum comme outil de suivi des patients atteints d’asthme sévère



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L’asthme est une maladie respiratoire chronique avec une grande prévalence au niveau mondial et l’asthme sévère est le type d’asthme qui engendre le plus de dépenses pour le système de soins de santé. Le traitement ciblé mépolizumab, un anticorps dirigé contre l’interleukine 5, a été mis sur le marché il y a quelques années et a révolutionné la prise en charge de l’asthme sévère de type éosinophilique. Cependant, les patients ne réagissent pas tous de la même manière à ces traitements qui ont un coût très important pour la société.

Le taux d’éosinophiles dans le sang semble associé à une réduction des exacerbations mais il ne s’agit pas de marqueurs reflétant ce qui se passe au niveau local. L’équipe du GIGA et du CHU a donc voulu savoir si il existait des marqueurs de réponse au mépolizumab dans l’expectoration induite ou « sputum » (un outil non-invasif permettant d’analyser l’inflammation des voies aériennes) des patients asthmatiques avant traitement. Les chercheurs ont défini la réponse au traitement après un an ou « rémission » comme l’absence de recours aux corticostéroïdes systémiques et d’exacerbations, un bon contrôle symptomatique de la maladie asthmatique (évaluée grâce à des questionnaires), une meilleure fonction respiratoire (définie comme un VEMS augmenté de 10% ou de plus de 80% des valeurs prédites) et un nombre d’éosinophiles sanguins inférieur à 300/microlitre.

Parmi les 52 patients inclus dans l’étude, 11 ont été diagnostiqués en rémission à 1 an. L’équipe a alors évalué les différentes populations des cellules inflammatoires dans les expectorations induites de ces patients et a dosé des médiateurs inflammatoires impliqués dans l’éosinophilie des patients dans le surnageant par méthode ELISA.  

Les patients qui présentaient une rémission à 1 an étaient caractérisés avant thérapie par une proportion plus importante d’hommes, un nombre plus élevé d’éosinophiles dans les expectorations ainsi qu’un nombre inférieur de neutrophiles comparé aux autres patients. Concernant les médiateurs, les patients en rémission avaient des taux augmentés de TSLP, IL-5, EPX, eotaxin-1 et IgE dans les expectorations en comparaison avec les patients n’atteignant pas le statut rémission. Tous ces marqueurs ont montré par une analyse ROC une capacité significative à discriminer les patients en rémission des autres patients. La valeur prédictive des éosinophiles du sang quant à elle, n’a pas donné de résultat significatif dans notre analyse. Ces résultats ont été confirmés par une régression logistique qui montre que le sexe male, le taux de neutrophiles du sputum ainsi que le taux d’eotaxin-1, d’IL-5 et d’EPX apparaissaient comme des potentiels prédicteurs de la rémission un an après l’introduction d’un traitement par mépolizumab.

Même si ces résultats doivent être validés dans une plus grande cohorte de patients et dans une étude de type multicentrique, ils nous montrent que pour détecter des marqueurs de réponse au mépolizumab, l’utilisation du sputum est plus adaptée que l’utilisation du sang. L’utilisation du sputum induit est maintenant recommandée par les guidelines européennes pour le suivi des patients asthmatiques et la généralisation de son utilisation en routine clinique serait donc positive pour la prise en charge des patients atteints d’asthme sévère.

Référence

Sputum Type 2 markers could predict remission in severe asthma treated with anti-Interleukin-5.
Moermans C, Brion C, Bock G, Graff S, Gerday S, Nekoee H, Poulet C, Bricmont N, Henket M, Paulus V, Guissard F, Louis R, Schleich F. 
Chest. 2023 Feb 3:S0012-3692(23)00169-1. doi: 10.1016/j.chest.2023.01.037.

Contact

Catherine Moermans
cmoermans@chuliege.be

Florence Schleich

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