Publication dans Gut

Découverte de nouveaux biomarqueurs sanguins pour la prise en charge des patients atteints de la maladie de Crohn



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L’équipe du Laboratoire de Gastroentérologie Translationnelle, en collaboration avec la plateforme GIGA-Proteomics et le laboratoire de spectrométrie de masse (LSM), a identifié des biomarqueurs sanguins ayant un potentiel important dans la prédiction des récidives de la maladie de Crohn suite à l’arrêt du traitement chronique. Ces résultats viennent d’être publiés dans le journal scientifique Gut.

Depuis une vingtaine d’années, l’administration d’anticorps dirigés contre une cytokine (tumor necrosis factors-α : TNF-α) a révolutionné la prise en charge des patients atteints de la maladie de Crohn. Cependant, le succès de ce traitement pose un nouveau défi pour les médecins. En effet, ceux-ci doivent désormais décider de l’arrêt ou du maintien du traitement chez les patients ne présentant plus de symptômes liés à la maladie. Dans une sous-population de patients correctement identifiés (faible risque de récidive), l’arrêt du traitement présenterait un double intérêt. Cette décision limiterait l’exposition des patients aux effets secondaires liés à un traitement chronique et permettrait également de diminuer le coût pour le système de santé. Il existe actuellement des biomarqueurs mesurés en routine clinique (C-reactive protein, calprotectine fécale) qui aident le clinicien dans sa prise de décision relative à l’arrêt du traitement. Cependant, ces biomarqueurs sont prédictifs d’une récidive rapide (< 6 mois) du patient lorsqu’il arrête le traitement. Ce manque de perspective à moyen et long terme (> 6 mois) constitue une limite des biomarqueurs actuels.

A partir de ces observations et grâce aux financements du FEDER, l’équipe du Laboratoire de Gastroentérologie Translationnelle (Edouard Louis) en étroite collaboration avec la plateforme GIGA-Proteomics a entrepris une recherche de nouveaux biomarqueurs sanguins permettant de prédire la récidive des patients à moyen et long terme (projet PREDIMID). Les expériences ont été conduites sur les échantillons de sang provenant de la cohorte STORI (diSconTinuation in CrOhn’s disease patients in stable Remission on combined therapy with Immunosuppressors). Cette cohorte a été collectée au sein de 18 centres hospitaliers français et belges par l’action coordonnée du GETAID (Groupe d’Etude Thérapeutique des Affections Inflammatoires du tube Digestif).

Dans une première étape appelée  «discovery», 849 protéines ont été mesurées par une technique de protéomique non ciblée. Parmi ces 849 protéines, 72 ont été sélectionnées puis vérifiées par une méthode protéomique quantitative ciblée appelée : «Selected Reaction Monitoring (SRM)». Cette approche a nécessité un développement technologique qui constitue en soi une avancée majeure pour la plateforme GIGA-Proteomics et les chercheurs du Laboratoire de Gastroentérologie Translationnelle.

L’analyse des données a fait l’objet d’une collaboration importante avec Vân Anh Huynh-Thu, assistante de recherche à l’institut Montefiore (Department of Electrical Engineering and Computer Science). Cela a permis d’identifier pour la première fois des biomarqueurs ayant un potentiel prédictif d’une récidive à moyen et long terme (> 6 mois) chez les patients Crohn ayant arrêté le traitement anti-TNF-α. De plus, les nouveaux biomarqueurs ont montré une forte capacité de prédiction lorsqu’ils ont été comparés à ceux utilisés actuellement en clinique. En permettant une meilleure identification des patients pouvant bénéficier d’un arrêt du traitement, ces marqueurs pourraient devenir un nouvel outil pronostique.

En étudiant la récidive à court et moyen/long-terme, les recherches ont aussi permis une meilleure caractérisation des événements physiopathologiques survenant avant la récidive. En effet, les chercheurs ont constaté que les patients récidivant rapidement après l’arrêt du traitement (<6 mois) se caractérisent par une réponse inflammatoire en provenance du foie, alors que ceux récidivant à moyen et long terme (>6 mois) semblent présenter un affaiblissement partiel du système immunitaire.

Ces résultats feront l’objet d’une validation indépendante dans le cadre du projet BIOCYCLE (Horizon 2020) porté par le CHU de Liège et le Laboratoire de Gastroentérologie Translationnelle.

Source

Discovery of biomarker candidates associated with the risk of short-term and mid/long-term relapse after infliximab withdrawal in Crohn’s patients: a proteomics-based study

Nicolas Pierre, Dominique Baiwir, Vân Anh Huynh-Thu, Gabriel Mazzucchelli, Nicolas Smargiasso, Edwin De Pauw, Yoram Bouhnik, David Laharie, Jean-Frédéric Colombel, Marie-Alice Meuwis, Edouard Louis, GETAID (Groupe d'Etude Thérapeutique des Affections Inflammatoires du tube Digestif)

Gut 2020;0:1–8

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