Publication dans Nature Communications

La persistance des infections par HPV provoque le déséquilibre du microbiote vaginal



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Une recherche « multi-approches » menée par les chercheurs du Laboratoire de Pathologie Expérimentale (GIGA-Cancer, ULiège) et leurs partenaires (locaux et internationaux) met en évidence que les peptides innés sécrétés par la muqueuse cervicale/vaginale sont utilisés par les espèces prédominantes de Lactobacilles (L. crispatus, L. jensenii, L. iners) comme source d'acides aminés. Dans un effort d’échappement aux réponses immunitaires, les papillomavirus humains (HPV) inhibent drastiquement l’expression de ces peptides antimicrobiens, favorisant in fine un déséquilibre de la flore vaginale. Une étude publiée dans la revue scientifique Nature Communications.

 

L

e remplacement des Lactobacilles [normalement largement majoritaires dans la flore vaginale (>95%)] par un mélange bactérien plus diversifié (dominé par Gardnerella vaginalis et d'autres bactéries anaérobies) est considéré, depuis de nombreuses années, comme un facteur de risque pour la persistance et la progression des lésions (pré)cancéreuses HPV-dépendantes. A contrario, l’influence des infections par HPV sur le microbiote vaginale restait largement méconnue.  

Cette étude menée par Michael Herfs (Chercheur Qualifié FNRS) et son équipe [plus particulièrement Alizée Lebeau et Diane Bruyère (doctorantes Télévie/FRIA et maintenant chercheuses post-doctorantes)] a tout d’abord montré qu’une infection virale persistante (durant plusieurs mois/années) augmente significativement le risque d’apparition d’une vaginose bactérienne. Causé par une inhibition des voies de signalisation  NF-κB et Wnt/β-catenin (dépendante de l’interaction de l’oncoprotéine virale E7 avec NEMO, CK1 et β-TrCP), ce phénomène s’accompagne d’une réduction drastique de la sécrétion des peptides innées par la muqueuse de l’hôte. D’une manière inattendue, ces peptides ne présentent aucune activité antimicrobienne sur les espèces majoritaires de Lactobacilles mais plutôt, sont clivés, internalisés et utilisés comme source d'acides aminés par ces bactéries lactiques, soutenant leur croissance/survie. 

Traitée communément par des antibiotiques à large spectre, la vaginose bactérienne présente un taux de récidive très important (>50%). Dès lors, certains peptides innés (ex : elafin et S100A7) sécrétés physiologiquement par la muqueuse de l’hôte pourraient constituer des prébiotiques de choix et s’avérer des alliés dans le traitement de cette pathologie touchant entre 15 et 30% des femmes.

M Herfs A Lebeau D Bruyere-2

Alizée Lebeau, Michael Herfs et Diane Bruyère

Reference

HPV infection alters vaginal microbiome through down-regulating host mucosal innate peptides used by Lactobacilli as amino acid sources

Alizee Lebeau, Diane Bruyere, Patrick Roncarati, Paul Peixoto, Eric Hervouet, Gael Cobraiville, Bernard Taminiau, Murielle Masson, Carmen Gallego, Gabriel Mazzucchelli, Nicolas Smargiasso, Maximilien Fleron, Dominique Baiwir, Elodie Hendrick, Charlotte Pilard, Thomas Lerho, Celia Reynders, Marie Ancion, Roland Greimers, Jean-Claude Twizere, Georges Daube, Geraldine Schlecht-Louf, Françoise Bachelerie, Jean-Damien Combes, Pierrette Melin, Marianne Fillet, Philippe Delvenne, Pascale Hubert & Michael Herfs

Nature Communications, 13, Article number: 1076 (2022)

Contact

Michaël Herfs

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